Pendant huit années, il a mis son savoir-faire en informatique au plus offrant. C’est ainsi qu’il était aux côtés de ceux qui paient le mieux afin de trafiquer des élections présidentielles en Amérique du Sud.
Plutôt par militantisme que pour l’argent
Andrés Sepúlveda est de nationalité colombienne. Il a le crâne rasé, porte des lunettes et a une moustache en bouc. Pendant un peu moins d’une décennie, il hackait le réseau informatique des rivaux de ceux qui l’avaient engagé lors des scrutins présidentiels. Sa besogne allait du piratage de sites de campagne, au vol de données, en passant par la manipulation de l’opinion sur les réseaux sociaux. Bref, tout ce qui pouvait favoriser la victoire de ses employeurs.
C’est à l’adolescence qu’il a fait ses premiers pas dans l’informatique lorsque sa famille s’installât à Bogota. Il s’engage dans des formations politiques de droite où il s’applique à mettre ses talents pour contrer les organisations de gauche et notamment les Farc (la guérilla marxiste colombienne).Il s’activait donc du côté du régime au pouvoir du président de l’époque Alvaro Uribe. Il avait réussi à se faire confier sa première mission à 20 ans : pénétrer le réseau d’un candidat adverse et subtiliser ses bases de données. Il était payé le mois à 13 000 dollars.
Sa réputation s’étend très vite aux quatre coins de l’Amérique latine. Les pays où il a opéré sont le Nicaragua, Panama, Honduras, Salvador, Mexique, Costa Rica, Guatemala et Venezuela. À chaque fois qu’il débarquait dans un état, il formait une équipe et la coordonnait par la suite depuis Bogotá.
Une pléiade de faux comptes Twitter
Avec le logiciel « Social Media Predator » de son invention, il a créé plus de 30 000 faux comptes Twitter. Ce qui lui a permis d’inonder la toile de toutes les informations qu’il voulait, anéantissant comme il l’entend les candidats de son camp adverse.
Son meilleur fait d’armes fut à l’élection présidentielle mexicaine de 2012 où il avait travaillé pour le candidat Enrique Peña Nieto. Il monte des milliers de comptes fictifs agissants pour le réseau gay et incitant à voter pour le porte-fanion de leur adversaire. La conséquence est la colère de l’électorat traditionnel catholique qui bascule automatiquement de leur côté. La voie vers la victoire était alors ouverte à son patron…
De l’écroulement à la repentance
À chaque fin de contrat, il doit détruire toutes les preuves compromettantes : trouer les disques durs avec une perceuse, puis passer aux micro-ondes le reste. Ensuite, brûler et jeter dans les toilettes les autres documents en papier. Sauf qu’il ne l’a pas fait en 2014 à la victoire de l’actuel chef de l’état colombien. Il est alors arrêté et écope 10 ans de prison. C’est pour se repentir et alerter sur de telles pratiques de hackers lors des élections qu’il a accepté de confesser son histoire. Pour espérer avoir une remise de peine, il aide actuellement le gouvernement de son pays à mener la guerre cybernétique contre les cartels de la drogue…