Une nouvelle loi, signée par Vladimir Poutine, légalise le stockage de toutes les communications des Russes. Ce qui a poussé Snowden à retourner sa veste. L’ancien employé de la NSA, réfugié en Russie, s’est exprimé contre la surveillance de masse qui va découler de ce texte qualifié d’antiterroriste. Il dénonce une loi contraire à l’impératif de la protection des données de chacun.
La légalisation de la surveillance de masse
La rédaction de ce projet de loi a été faite en octobre 2015, peu après le crash d’un avion civil russe en Égypte. Cette catastrophe a coûté la vie à 217 passagers et à 7 membres d’équipage. Quelque temps après cet événement tragique, le gouvernent russe avait rappelé que cet accident relève d’un acte terroriste. De plus, le scandale du 13 novembre 2015 à Paris n’avait fait que justifier l’adoption du texte. L’Hexagone a déjà autorisé, de son côté, la surveillance de masse en octobre 2015. Depuis, les agents des Renseignements français ont recours à de nombreuses techniques de surveillance. Ils peuvent accéder aux données privées sans l’autorisation préalable d’un juge. Et tous les moyens sont permis : interceptions de SMS de courriels, de balises de micros ou GPS, ou même d’installation de caméras. Ils sont aussi autorisés à installer des logiciels espions, voire pirater à distance le matériel informatique des suspects. Et Vladimir Poutine voulait la même chose pour son pays.
À l’époque, Snowden n’intervenait pas encore sur Twitter et ne pouvait pas y exprimer son opinion sur le sujet. Le texte avait été critiqué par l’ONU, même s’il ne représente pas les mêmes contraintes aux fournisseurs d’accès et de services sur le Web. On parlait de « pouvoirs excessifs » de surveillance. D’après ce texte, voté par le Parlement, les données privées de tous les Russes devront être stockées durant 6 mois. Appels téléphoniques, SMS, photos et les contenus mails peuvent, désormais, passer sous haute surveillance. Telegram et Facebook Messenger figurent également dans la liste des plateformes à viser. En revanche, les métadonnées pourront être gardées durant 3 ans. En faisant cela, les autorités les clés espèrent obtenir des clés permettant de décoder les messages chiffrés. Cette fonction, il faut le rappeler, est encore en test chez Facebook.
Snowden critique cette nouvelle loi
Depuis environ trois ans maintenant, Edward Snowden s’oppose à la surveillance de la NSA. Mais aujourd’hui, il s’oppose ouvertement aux autorités russes. Le texte oblige en effet tous les réseaux sociaux, les fournisseurs d’accès Internet et tous les opérateurs à stocker les données privées des utilisateurs. Ainsi, le réfugié X américain a dénoncé la loi à la «Big Brother». Il affirme sur Twitter qu’il s’agit d’une « nouvelle loi répressive qui viole les droits humains … » D’après Edward Snowden, cette loi implique une surveillance de masse. Il estime que ce principe ne fonctionne pas. Dans son second message, il insiste même que ce texte ne va pas seulement coûter de l’argent, mais va également nuire à la liberté de chaque citoyen russe, sans « réformer » la sécurité. Dans un second message, le réfugié américain en Russie depuis 2013, rappelle également le coût exorbitant de ce genre d’opération. On estime à 33 milliards de dollars l’investissement nécessaire à sa mise en place. Une somme que les opérateurs pourraient bien avoir du mal à débourser. À titre de rappel, outre les États-Unis, la grande puissance dirigée par Poutine n’est pas la seule à être prise dans le collimateur de l’ex-agent de la NSA. En novembre 2015, il avait nettement pris position contre la loi sur les Renseignements britanniques qui, elle, prévoit le stockage de l’historique de navigation des internautes des Anglais durant une année.