Quand Mark Zuckerberg racheta WhatsApp en 2014, il était loin de se douter qu’aujourd’hui, en 2021, il aurait des comptes à rendre à son sujet. En effet, le regroupement des CNIL européennes requiert une enquête approfondie concernant le partage des données entre WhatsApp et Facebook. Si leurs suspicions s’avéraient juste, marger ainsi les données des utilisateurs représenterait un sérieux impair au RGPD (règlement général sur la protection des données).
15 juillet 2021 : le CEPD clame un mis en examen pour la régulation de partage de données.
Depuis le début de l’année, on pointa du doigt Facebook et WhatsApp pour avoir éventuellement mis en commun les données de leurs abonnés. Ce qui a eu comme conséquence de rebuter et de faire fuir des millions d’utilisateurs vers d’autres plateformes de messagerie (Signal, Telegram, etc.). Pour apaiser les cœurs et les mauvaises langues, WhatsApp s’est récemment lancé dans une campagne tournée vers la confidentialité en Allemagne et au Royaume-Uni. La plate-forme s’efforce ainsi de mettre fin aux scandales en rassurant les utilisateurs que leurs données sont bien sécurisées via un chiffrement de bout en bout. Elle garantit que la confidentialité et la sécurité des messages et des appels personnels émis restent inchangées. Ni WhatsApp ni Facebook ne peuvent les décrypter, les écouter et les lire. Elle assure que rien ne peut altérer cette sécurité et rassure quant à ses engagements en en faisant mention dans chaque discussion.
En dépit de ces prérogatives, les CNIL européennes campent sur leur position. Elles jugent nécessaire l’examen rapide des activités de la société WhatsApp afin de connaître dans quelle mesure elle partage les données de ses abonnées avec Facebook. Notons qu’en début d’année, cette plate-forme de messagerie avait déjà repoussé le lancement de sa nouvelle politique de confidentialité très controversée, celle qui consistait à partager certaines informations concernant ses utilisateurs avec sa maison-mère. Sachant que celle-ci serait mal perçue par le grand public, elle n’avait d’autre choix que de procéder ainsi.
Facebook se défend : le partage de données pour rentabiliser WhatsApp ?
Pour mettre Facebook et WhatsApp au pied du mur, les CNIL européennes ont basé leurs réclamations suivant les clauses du RGPD. Si leur demande aboutit et que leurs suspicions s’avéraient juste, Facebook encourt une amende pouvant équivaloir jusqu’à 4 % de son chiffre d’affaires mondial.
Comment en est-on arrivé là ? À l’origine, la CNIL irlandaise, affiliée de part et d’autre à WhatsApp, s’était montrée conciliante aux nouvelles règles de messagerie de cette dernière. Cependant, cette prise de position a poussé la CNIL d’Hambourg dans ses retranchements. Cette dernière a alors fait scandale en publiant une ordonnance explosive pointant le groupe Facebook et WhatsApp de non-respect de la vie privée des utilisateurs. Ce rapport a ensuite éveillé l’intérêt du CEPD qui à son tour, a soumis la demande dudit examen approfondi.
Du point de vue du groupe Facebook, celui-ci estime que la nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp n’impacte en rien sur la sécurisation des données des utilisateurs. Il ajoute que c’était une réforme nécessaire pour faciliter les échanges, facultatifs, entre les utilisateurs et les entreprises. Pour le géant américain, cette nouvelle disposition constitue uniquement un moyen de rentabiliser son application de messagerie WhatsApp et son rachat de 19 milliards de dollars en 2014. Pour cause, la firme de Zuckerberg s’est même engagée à garder cette plate-forme gratuite et sans publicité. Il lui fallait donc trouver un quelconque moyen d’en tirer profit.
Pour le moment, l’enquête est en cours et on attend d’en entendre les échos.