Plusieurs pays européens et l’autorité de protection des données irlandaise soupçonnent que TikTok envoie les données de ses utilisateurs en Chine. Ils pensent aussi que cette application mobile ne protège pas suffisamment les informations sur les mineurs. En vertu du RGPD ou règlement général sur la protection des données, le DPC (data protection commission) annonce l’ouverture d’une enquête sur TikTok.
Envoi des données en Chine : un non-respect de la directive européenne
Le règlement européen stipule qu’aucun service numérique ne doit transférer des données d’utilisateurs vers un pays tiers. Toutefois, TikTok qui est le réseau social le plus populaire du monde semble enfreindre cette directive. Le DPC le soupçonne de transférer les données en Chine. Pourtant, il faut noter que ce pays est considéré comme non sûr par l’Europe. D’ailleurs, c’est une des raisons de l’annulation du Privacy Shield par la Cour de justice de l’Union européenne en juillet 2020. Un porte-parole de TikTok a nié tout comportement fautif. Il a expliqué que le transfert de données hors du territoire européen depuis l’application, s’appuie sur des mécanismes homologués.
Aux États-Unis, ce soupçon a poussé l’administration Trump à tenter de bannir l’application du pays. Joe Biden a suspendu l’interdiction temporairement. Une enquête du Comité pour les investissements étrangers aux États-Unis est toujours en cours pour garantir que l’application ne représente pas de risques pour la sécurité nationale.
Une exploitation des données des mineurs : un risque redouté par l’Europe
Il faut savoir que l’application est interdite d’utilisation par les enfants de moins de 13 ans. Le deuxième volet de l’enquête du DPC concerne le traitement des données des mineurs utilisant la plateforme TikTok qui appartient à l’entreprise ByteDance. Les autorités de protections de données européennes redoutent l’exploitation de ces données. En 2019, cette application a dû verser 1,1 million de dollars aux États-Unis pour avoir utilisé les données de 6 millions d’enfants. Après sa suspension par l’autorité de protection des données locales italiennes en janvier 2021, elle a également été contrainte de supprimer des dizaines de milliers de comptes de mineurs présumés. Au Royaume-Uni, en avril 2021, une plainte a été déposée par l’ancienne commissaire à l’enfance.
De son côté, TikTok explique qu’il a mis en place des mesures strictes pour la protection des données des utilisateurs. Par exemple, les comptes des personnes de moins de 16 ans ont été placés en mode privé, en janvier 2021. L’entreprise assure aussi que les comptes d’enfants de moins de 13 ans sont régulièrement supprimés.
Une enquête scrutée sur toute l’Europe
L’Irlande étant le siège de nombreux géants numériques en Europe en raison de sa fiscalité attrayante, le DPC y joue un rôle spécial. Son enquête est ainsi plus qu’une simple procédure. Cette entité se retrouve en première ligne pour l’application du RGPD. Elle est habilitée à condamner les entreprises qui enfreignent le règlement. L’enquête contre TikTok sera examinée avec beaucoup d’attention sur tout le continent. Cette entreprise risque donc une amende allant jusqu’à 4 % de son chiffre d’affaires.